samedi 29 novembre 2014

Moi ? Bénévole ? Mon implication à Équi-Sens

Tu veux dire: travailler sans être payé ?  Sans recevoir d'argent en échange ?  Non merci…pas pour moi.  J'ai des factures à payer, des paiements à faire.  Si je travaille, ce ne sera que pour de l'argent.  Rien d'autre.  J'ai bien mieux à faire !!  Et puis, qu'est-ce que je pourrais bien faire ?  Aider les autres ?  Pourquoi ?  Je n'ai pas besoin d'aide, moi.  Je me débrouille tout seul.  Pourquoi les autres n'en font-ils pas autant ?

À l'heure où l'argent mène tout et où l'individualité est la norme, il est vrai que faire du bénévolat peut paraître dépassé.  Le bénévolat est même, dans la croyance populaire, relégué aux personnes âgées ou aux personnes à la retraite.  Pourtant, ils sont nombreux les gens actifs, professionnellement parlant, et qui font aussi du bénévolat.  J'en ai croisé plusieurs.  C'est juste qu'on ne les voit pas, qu'on ne les entend pas.  Ils œuvrent à l'abri des caméras, ils ne font pas la une des journaux.

Le bénévolat est d'abord et avant tout une démarche toute personnelle.  Demandez à chaque personne qui fait du bénévolat ce qu'il en retire.  Certains vous répondront, d'autres garderont leurs réponses pour eux, les raisons étant parfois très personnelles.  Une chose est sûre, vous aurez presque autant de réponses différentes qu'il peut y avoir de bénévoles.  C'est ce qu'on appelle le salaire du bénévole.  Le salaire du bénévole est quelque chose de très particulier puisqu'il se trouve en nous.  Il n'a pas de forme car il est différent pour chacun de nous.  Il prend la forme qu'on veut bien lui donner.  Il se veut à la fois, apaisant, valorisant, enrichissant, amusant, émouvant, bienfaisant, rassurant, enthousiasmant, marquant.  En fait, peu importe ce qu'on y cherche, on le trouvera.  Et parfois, on trouve aussi autre chose qu'on aurait jamais pensé trouver.  Et le plus beau dans tout ça ?  On a le plein contrôle sur nos augmentations de salaire.  On peut s'en donner tant qu'on en veut.  Je vous mets en garde par contre, on peut devenir accroc au bénévolat et développer une certaine accoutumance.

Un soir, j'écoutais l'émission Unité 9 à la télévision et on y parlait d'un centre pour les jeunes en difficulté.  Dans ce centre, on y dispensait des thérapies où le cheval était partie intégrante de celle-ci.  Pour moi, ce fut une véritable révélation.  J'ai alors su que je voulais m' impliquer dans un organisme qui dispense ce genre de thérapie, d'une manière ou d'une autre.  Après quelques recherches sur internet, je suis tombé sur le site d'Équi-Sens et comble du bonheur, ils avaient besoin de bénévoles pour effectuer toutes sortes de tâches.  Tout ceci m'a emballé.  J'ai contacté la directrice et je me suis alors inscrit à la clinique de bénévoles.  C'est comme ça que tout a commencé.  Un samedi matin du mois de mars, je me suis donc présenté à l'écurie, accompagné de France,  bien décidé à sauver le monde.  Je me suis alors rendu compte que ce que je connaissais des chevaux n'était qu'une goutte d'eau dans l'océan et que les mots autisme, dyspraxie, dysphasie ne représentaient que des concepts théoriques dans mon esprit et que j'en avais beaucoup à apprendre.  Malgré mes craintes et mes inquiétudes,  je me suis engagé  à donner de mon temps tous les samedi et ce pour une durée de 10 semaines.  10 semaines, c'est pas si long quand on y pense et si je n'aime pas ça, je n'aurai qu'à ne plus revenir par la suite.  Finalement, un certain samedi, c'est le grand jour.  La première semaine de cours.  On se présente à l'écurie, confiant.  Au bout de 10 minutes, je me rends compte que j'ai oublié presque tout ce qu'on m'a dit à la formation.  Chantal, la directrice, nous rafraichit la mémoire, patiemment.  Je dois alors sortir Kéfir de son box.  Je suis terrifié.  Un cheval au loin dans la prairie, c'est tellement beau .  Dans son box, c'est toute autre chose.  C'est gros, ça pue et ça mord aussi (parlez en à France qui s'est fait mordre le jour de la formation).  Malgré tout, la première journée se déroule bien et malgré une bonne frousse, gracieuseté de Gaïa, je suis quand même satisfait de moi-même.  Tout au long de ses 10 semaines, j'ai eu l'occasion de rencontrer des parents sympathiques et des enfants attachants, de mieux connaître chaque cheval (mon amour pour Polly n'est plus un secret pour personne) et d'en apprendre un peu plus sur l'équithérapie, un domaine qui me passionne.  J'ai été témoin de petits et de grands miracles, de petits et de grands pas, franchis par ces enfants au courage et à la ténacité indéniable, de petites et de grandes joies.  J'ai vu des enfants avoir peur, être déçus.  Je les ai vu aussi sourire et être fiers d'eux.  J'ai vu des petites défaites, des grandes victoires.  L'équithérapie est un cheminement.  Et comme dans tout bon cheminement, il y a des hauts, il y a des bas.  Mais au bout du compte, tous en sortent grandis.  C'est pourquoi j'en suis à ma 2e année de bénévolat chez Équi-Sens. 

Ça n'a pas toujours été facile.  Il y a eu de bons moments.  Il y en a eu d'autres, plus difficiles.  Il y a eu aussi du changement, il a fallu nous adapter.  Malgré tout je continue car au-delà de tout ça, j'ai appris, j'ai compris.  Étonnamment, j'en ai appris beaucoup sur moi, je me suis amélioré.  J'ai sûrement aidé quelques personnes, adultes et enfants.  J'ai sûrement fait une petite différence dans la vie de quelques uns.  Mais par-dessus tout, je me suis aussi beaucoup aidé, j'ai appris à me connaître un peu mieux.  C'est ce que je suis venu chercher ici.  C'est mon salaire de bénévole.

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